Extractions dentaires et dents de sagesse

, par Dr Julien NICOLA, Chirurgien Maxillo-facial et stomatologue

Les dents de sagesse (troisièmes molaires) ont une évolution tardive, ce qui fait que chez l’adolescent ou l’adulte jeune, elles n’ont pas atteint leur taille ni leur position définitive (notamment les racines).
Il est important de consulter à ce stade, alors qu’il n’y a habituellement encore aucune gêne liée à leur présence, et d’étudier, grâce à l’examen clinique et de la radiographie panoramique, leurs perspectives d’évolution.

Le plus souvent, on verra qu’il existe un problème de place et que ces dents risquent d’entraîner des « accidents évolutifs » : douleurs, inflammation, abcès, lésions des dents voisines (secondes molaires), et dans une certaine mesure, augmentation du risque de déplacement des dents, et dégradation de l’alignement obtenu après traitement orthodontique.

Le choix du moment de l’intervention dépend du stade radiologique d’évolution de ces dents, et l’objectif est de limiter au maximum les risques opératoires.


« Point clé »
Intervenir trop tôt est inutile et peut induire certains risques qui n’existent plus si l’intervention est décalée de 1 à 2 ans (notamment expulsion d’une dent de sagesse supérieure dans le sinus maxillaire).
De la même manière, le fait d’intervenir trop tard peut entrainer certaines difficultés, par exemple au niveau du nerf dentaire (sensibilité de la lèvre inférieure) lorsque les racines de dents de sagesse inférieures ont poussé à proximité.

Dans certains cas, en plus de la radiographie panoramique (qui devra dater de moins de 1 an par rapport à la date d’intervention), un scanner dentaire peut être indiqué lorsque les dents ont une position ectopique ou afin d’étudier les rapports entre les racines et le nerf dentaire.


L’intervention chirurgicale

L’intervention peut se dérouler sous anesthésie locale, ou générale.
Ce choix dépend de la situation clinique, radiologique et surtout de la préférence du patient.
Sous anesthésie locale, l’intervention peut se faire en une ou deux séances.
L’extraction consiste à ouvrir la gencive, puis à réaliser un fraisage de l’os afin de permettre l’extraction.
La gencive est suturée par quelques points de fil résorbable (qui disparait en 3 à 6 semaines).

Les suites de l’intervention

Il faudra prévoir, dans quasiment tous les cas, un arrêt de travail ou une dispense scolaire de 2 à 4 jours.

Les douleurs

Elles sont normales les premiers jours, souvent plus importantes en bas qu’en haut.
Les antalgiques prescrits, et l’application régulière de glace, permettent de les atténuer.
L’œdème : Comme après toute intervention, il s’agit d’une réaction naturelle, qui atteint son maximum dans les 2 jours qui suivent l’intervention, pour ensuite disparaitre progressivement.
Le saignement : Il est toujours minime, et ne doit pas durer plus de 12 heures.
Il faut dans ce cas placer des petites compresses sur la zone opératoire, et mordre dessus durant 20 à 30 minutes, en restant allongé.
On peut aussi effectuer des bains de bouche avec de l’eau glacée.

Les consignes à respecter

  • garder le repos 48 heures
  • manger froid pendant 48 heures, pas trop dur
  • effectuer des bains de bouche antiseptiques à partir du lendemain de l’intervention, après chaque repas
  • appliquer des packs de froid, ou des glaçons entourés d’un linge sur les zones opérées, 20 minutes toutes les heures, pendant 48 heures
  • respecter une excellente hygiène buccale, avec brossage des dents (si possible avec une brosse à dents souple), dès le jour même de l’intervention.
  • éviter les aliments acides ou très salés
« Point clé »
Le tabac doit impérativement être proscrit.
Un arrêt est impératif au moins une semaine avant l’intervention, et 3 semaines après.